Village pittoresque en Haute-Auvergne


Les guerres de Religion

| Les faits d'armes | Marguerite de Valois |

Huguenots qui par ici passez,
Qui de piller n'êtes lassez,
Ce petit saint vous fait la nique
Qui n'est or, argent ni relique.


Les faits d'armes

Lavedan était le chef des protestants dans la Haute-Auvergne, il donnait la main, d'un côté, aux huguenots du Rouergue et des Cévennes, et de l'autre, à ceux du Limousin et du Quercy. Le 15 avril 1574, il s'était emparé de Mauriac; il avait pris Pleaux le 31 mars précédent après avoir détruit le château de Pleaux-Soubeyre appartenant à François Robert de Lignerac représentant la cause catholique.

Les Etats furent assemblés à Murat le 4 mai 1574 et une somme de 80000 livres fut votée pour la délivrance des places prises par les huguenots. Saint-Herem, gouverneur de la province, Montal son lieutenant dans la Haute-Auvergne réunissent toute la noblesse catholique. Les religionnaires avertis abandonnent Mauriac le 29 juillet 1574 mais on laissa les huguenots maîtres de la campagne, enrichis par le pillage et par les rançons qu'ils avaient fait payer aux bourgeois de Mauriac et de Pleaux.

Pleaux étaient encore occupé par les huguenots à la fin du mois d'août 1574. A cette époque, Montal venait de lever le siège du château de Miremont; il conduisit ses troupes sous les murs de Pleaux et faisait le siège de la place. Le parti protestant s'était ému de la guerre acharnée que le gouverneur d'Auvergne, St-Hérem et Montal, son lieutenant, faisaient au vicomte de Lavedan. Quelques-uns des chefs avaient pris la résolution de venir à son secours. La Haye et Langoiran se joignirent au vicomte de Gourdon et marchèrent au secours de Lavedan et des assiégés. Montal ne crut pas devoir les attendre. Il se retira avec son canon, encore qu'il fût le plus fort en nombre d'hommes, mais mal armés et la plupart sans discipline militaire. Le siège de Pleaux dut être levé dans les premiers jours de septembre 1574.

Peu de temps après que les troupes venues au secours des protestants eurent quittés l'Auvergne, les catholiques assiégèrent de nouveau la ville de Pleaux et s'y rendirent maîtres. Il est du moins certain qu'au mois d'octobre 1574 ils y mirent une garnison. Le baron de Drugeac, chargé de défendre la ville, y commandait dix arquebusiers. Au mois de novembre, la garnison fut renforcée de vingt-deux hommes de pied commandés par le sieur de Lascorbes, qui fut remplacé le mois suivant par le capitaine Delpeuch. Dans la Haute-Auvergne, des revers successifs affaiblissent extrêmement les Religionnaires. La prise d'un château-fort près de Saint-Flour, les avait excités, mais la journée de Quinsac (Puy-Quinsac, commune de Saint-Julien-aux-Bois) en 1575, les mit dans l'impossibilité de tenir plus longtemps la campagne. Un gros de cavaliers, conduit par Robert de Lignerac, se rencontra avec les compagnies du vicomte de Lavedan: l'affaire fût chaude; les Catholiques l'emportèrent et Lignerac fit Lavedan prisonnier.

Les religionnaires occupèrent Argentat. Ils s'y retranchèrent de leur mieux, et ils valurent encore à la malheureuse petite cité des attaques incessantes de la part des gentilshommes voisins demeurés fidèles à la foi ancienne. François de Grenier, époux de Marguerite de Pleaux, vaillant et hardi catholique, s'était allié avec le chevalier de Montal, homme non moins courageux, pour faire aux huguenots une guerre d'escarmouches. "Ces deux cavaliers ainsi unis entreprenaient tout. Argentat, Beaulieu, Saint-Céré portent encore les tesmoignages de leur hardiesse et il n'est pas ung des vielles gens de ce quartier qui, dans ses comptes, ne mette ces deux gentilshommes comme ceux que les huguenots ont le plus appréhendé ains que de raison."

La Haute-Auvergne était encore fortement menacée en 1590, par les protestants. Une garnison fut placée à Mauriac, et une autre de quatre-vingt hommes dans une tour voisine du château de Poulz, près Pleaux, château qui était occupé, en 1590 par les huguenots.

Le traité, signé à Salers le 5 septembre 1590, entre Missilhac, gouverneur de Haut-Auvergne et Drugeac et Lignerac, mit fin aux guerres de religion dans la prévôté de Mauriac. Pour remplacer les châteaux détruits on assura la construction du fort de Pleaux attenant à l'église avec une ceinture extérieure, on ne voit plus trace de cette muraille dont le donjon était la tour élevée sur la sacristie de Saint-Sauveur, tour démolie en 1789.


Marguerite de Valois
De Marguerite encor l'écho dit les soupirs
Carlat dans ses vieux murs à l'aimable princesse
Au lieu d'une prison offre une forteresse
Où bientôt gouverna l'amour insidieux.

   Avril 1585, à la tête d'une grosse troupe qu'avait levée le bailli des montagnes d'Auvergne, Robert de Lignerac, son nouvel amant, Marguerite de Valois réussit à s'emparer d'Agen et marcha sur Tonneins et Villeneuve qu'elle voulait surprendre. Henri de Navarre se vit contraint d'envoyer des troupes contre elle. Marguerite fut battue et alla se réfugier à Agen.

Ses vexations, ses scandales, les extorsions de la comtesse de Duras, sa dame d'honneur, la forcèrent à quitter brusquement cette retraite. Le 25 septembre 1585, elle s'enfuit montée en croupe derrière Lignerac, accompagnée de sa cour qui courait en désordre, entourée de 80 gentilshommes et de 400 lanciers. Elle fit 24 lieues en deux jours, arriva enfin sur la frontière d'Auvergne où le capitaine Marcé, frère du bailli des montagnes, l'attendait, avec cent gentilshommes, pour la conduire au château de Carlat qu'il commandait.

En apprenant la fuite de Marguerite, Henri 3 expédia à Marcé des instructions pour qu'il s'assurât de Marguerite et la retint prisonnière d'état. Abordant ce château de Carlat, écrit d'Aubigné dans son Histoire Universelle, "le capitaine de la place dit à cette princesse qu'elle estoit la bien venue. A quoi il eut la response qu'il méritoit. Et puis voyant une fenestre grillée à neuf sur une roche précipiteuse de trente brasses, le capitaine s'excusa sur le commandement qu'il en avait exprès du Roi. Elle refusa de le croire, disant que son frère et son mari lui feraient plustot ouvrir ce passage". De gré ou de force, la Reine de Navarre était bien prisonnière dans le château de Carlat.

Elle avait tout juste trente-trois ans. Elle était encore belle, et, malgré son riche embonpoint devait paraître comme femme aussi désirable que comme reine aux gens de son entourage. Parmi ses soupirants, il s'en trouvait un, Lignerac, le bailli des montagnes, qui pensait avoir droit à sa faveur pour l'avoir sauvée de la poursuite de Matignon et secourue de ses deniers. C'était manquer de psychologie. Marguerite se plaisait à donner à qui ne lui devait rien, mais il lui répugnait de rembourser ses dettes, surtout en monnaie de coeur. Elle se prit, semble-t-il, de sympathie pour le fils de son apothicaire, un jeune homme qui lui avait donné des soins pendant sa maladie. L'homme d'épée, éconduit, s'émut jusqu'à la fureur de cette préférence. Mendoza, l'ambassadeur d'Espagne, n'a pas inventé la nouvelle tragique que le 19 juillet 1586 il rapporte à Philippe II. "J'entends dire que la Reine-mère se lamentait récemment avec Sylvio (?) que M de Lenerac (Lignerac) eût tué à coups de poignard dans la chambre de la princesse de Béarn le fils d'un apothicaire, si près de son lit qu'elle fût tachée de sang, et qu'on disait que c'était par jalousie, ce qui est le pire."

Lignerac n'entendait pas qu'on l'exclût de la succession de Marzé. C'était à lui, à défaut du Roi et de Randan, et non à Marguerite, à disposer de Carlat. Il en voulait à cette ingrate, qui, oublieuse des services rendus et des avances d'argent, complotait de le déposséder du gouvernement de son frère. Lignerac s'introduisit dans la forteresse, et s'y étant rendu le plus fort, sans combat à ce qu'il semble, il parla en maître. Lignerac, écrit Henri de Noailles, dit à Marion, "qu'il failhoit (fallait) que l'oncle d'Isabeau (c'est ainsi qu'il appelle Aubiac, son cousin par alliance) sautast le rochier." Si l'on se rappelle que la forteresse se dresse à pic à quarante mètres de haut, on croira sans peine que cette nouvelle fut rude à Marguerite.

Elle ne pensa qu'à sauver l'amant qu'elle voyait déjà mort et, "par prières et aultrement," n'insistons pas sur cet aultrement, elle obtint sa grâce. Mais c'était à condition qu'il partît et sur l'heure. "Elle ayma mieux vuyder et changer de place que demeurer là sans luy".

Lignerac, si pitoyable qu'il se fût montré, ne laissa pas de dépouiller la fugitive. Pour se payer des 10000 ou 18000 livres qu'il lui avait avancées, il se saisit de ses deniers, et, comme appoint, de ses bijoux. Après ce brutal règlement de compte, le galant chevalier, accompagné de son frère, Cambon, et de quelques gentilshommes, escorta, on ne sait jusqu'où, mais pas très loin, une petite troupe qui s'éloignait à la débandade.


    


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Pleaux - Haute-Auvergne © 1996, 1997 par Vincent Di Sanzo
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